Des producteurs du Lot-et-Garonne sont venus place de la Bastille pour vendre leurs fruits et légumes «au juste prix», dénoncer les marges de la grande distribution et l'importation de produits traités avec des pesticides interdits en France. L‘opération a été un vif succès.

«Les douze tonnes de fruits et légumes ont été écoulées en deux heures, l'opération a été un grand succès!», se réjouit Gilbert Dufourg, agriculteur et vice-président du Modef du Lot-et-Garonne. Comme chaque année le syndicat agricole minoritaire avait organisé une vente de fruits et légumes en direct à Paris place de la Bastille pour défendre la production française.

«Nous sommes venus faire la promotion de nos produits et dénoncer les marges abusives de la grande distribution», indique Joël Soulage, producteur de prunes à Galapian dans le Lot-et-Garonne. Pour ce faire, le paysan a vendu ses fruits «de qualité, en conservant un prix rémunérateur pour le producteur tout en proposant des prix inférieurs à ceux des grandes surfaces. Or nos coûts de production sont supérieurs: nous avons de petites surfaces et cultivons en ‘agriculture raisonnée', avec peu de produits phytosanitaires. On veut démontrer qu'on peut acheminer des produits frais en région parisienne en conservant les coûts raisonnables», martèle l'agriculteur.

Des produits environ 30% moins chers qu'en grande surface

Même objectif pour Jean Pierre Marchand, maraîcher du Lot-et-Garonne. «Je suis venu vendre mes tomates et pommes de terre à un prix rémunérateur pour nous, au juste prix, et qui restent 30 % moins cher que dans la grande distribution». Ce dernier a ainsi vendu son kilo de tomates Marmande à 1,50 euro et 4 euros le filet de 5 kg de pomme de terre Agata, soit 80 centimes le kilo. Le prix de la tomate ronde française est vendu 1,85 euro en grande surface actuellement, selon les cours du site Agrimer. De même, une variété de pomme de terre comparable est vendue entre 1 euro et 1,60 euro le kilo en grande surface, toujours selon le site Agrimer.

Quelque 55 tonnes de tomates, melons, prunes, poires, pommes de terre, salades, haricots, nectarines ont ainsi été proposées aux consommateurs franciliens, dont 22 tonnes place de la Bastille et le reste dans différents points de vente de la banlieue parisienne. Place de la Bastille, l'opération a rencontré un vif succès. Vers 10H, la quinzaine de producteurs venus du Lot-et-Garonne avait écoulé tous les stocks acheminés dans la capitale. Les cageots vides formaient un mur au bout de la place de la Bastille tandis que des militants du PCF, partenaire de l'opération, vendaient les derniers sacs de tomates, melons et pommes de terres venus du sud-ouest de la France, aux Parisiens. «Je suis venue pour soutenir les agriculteurs et aussi trouver des produits de qualité, indique Marie-Lou, une cliente du marché. «Je suis consciente de ce qu'il se passe et je vais principalement sur les marchés pour acheter, autant que possible, bio», ajoute l'habitante du quartier.

Les producteurs avaient en effet à cœur de défendre leur production dite en agriculture «raisonnée», proche du bio. Ils dénoncent le «dumping sanitaire» des pays qui importent en France des fruits et légumes traités avec des produits phytosanitaires interdits dans l'Hexagone. «Nous dénonçons les discordances, en Europe, sur l'utilisation des produits phytosanitaires. La Communauté européenne devrait imposer des normes communes à tous les pays européens sur l'utilisation des pesticides. Certains pays autorisent des produits interdits en France or ces produits sont vendus dans l'Hexagone, cela introduit une concurrence déloyale et surtout dangereuse pour la santé», lance Jean-Pierre Marchand. Le producteur se dit inquiet pour l'avenir du secteur mais, après 35 ans de métier, il continue à se battre pour défendre une profession qui le passionne.